En 1963, il obtient la nationalité américaine et il devient titulaire de la chaire en sciences humaines de l'Université de Boston. Fervent défenseur des droits de l'Homme, Elie Wiesel a, entre autres, soutenu la cause des Juifs soviétiques, des indiens du Nicaragua, des réfugiés cambodgiens, des Kurdes, des victimes de l'apartheid en Amérique du Sud et des victimes de la guerre en ex-Yugoslavie. Il a reçu de nombreux prix pour ses livres et son engagement politique : il obtient notamment la Grand-Croix de la Légion d'honneur française et le prix Nobel de la Paix en 1986.
Un jour que nous revenions du travail, nous vîmes trois potences dressées sur la place d'appel, trois corbeaux noirs. Appel. Les S.S. autour de nous, les mitrailleuses braquées : la
cérémonie traditionnelle. Trois condamnés enchaînés - et parmi eux, le petit pipel, l'ange aux yeux tristes.
Les S.S. paraissaient plus préoccupés, plus inquiets que de coutume. Pendre un gosse devant des milliers de spectateurs n'était pas une petite affaire. Le chef
du camp lut le verdict. Tous le yeux étaient fixés sur l'enfant. Il était livide, presque calme, se mordant les lèvres. L'ombre de la potence le recouvrait.
Le Lagerkapo refusa cette fois de servir de bourreau. Trois S.S. le remplacèrent.
Les trois condamnés montèrent ensemble sur leurs chaises. Les trois cous furent introduits en même temps dans les nœuds coulants.
- Vive la liberté ! crièrent les deux adultes.
Le petit, lui, se taisait.
- Où est le bon Dieu, où est-il ? demanda quelqu'un derrière moi.
Sur un signe du chef du camp, les trois chaises basculèrent.
Silence absolu dans tout le camp. A l'horizon, le soleil se couchait.
- Découvrez-vous ! hurla le chef de camp. Sa voix était rauque. Quant à nous, nous pleurions.
- Couvrez-vous !
Puis commença le défilé. Les deux adultes ne vivaient plus. Leur langue pendait, grossie, bleutée. Mais la troisième corde n'était pas immobile : si léger,
l'enfant vivait encore...
Plus d'une demi-heure il resta ainsi à lutter entre la vie et la mort, agonisant sous nos yeux. Et nous devions le regarder bien en face. Il était encore vivant
lorsque je passai devant lui. Sa langue était encore rouge, ses yeux pas encore éteints.
Derrière moi, j'entendis le même homme demander : - Où donc est Dieu ?
Et je sentais en moi une voix qui lui répondait : - Où il est ? Le voici - il est pendu ici, à cette potence... Ce soir-là, la soupe avait un goût de
cadavre.
Répondez aux questions
1. Quelle est la date choisie pour la célébration de la journée de mémoire?
2. En souvenir de quoi est-ce qu’on a choisi cette date?
3. Qui a libéré le camp de concentration d’Auschwitz?
4. Combien de personnes sont-elles mortes pendant l’holocauste?
5. Qu’est-ce que ça signifie le mot « shoah »?
6. Où est né Elie Wiesel?
7. Quel âge avait-il quand il a été déporté à Auschwitz?
8. Dans quel camp de concentration est-il déporté avec son père?
9. Que fait-il après la mort de son père et la libération?
10. Dans quelle université est-ce qu’il fait ses études?
11. Quel est le titre du roman qu’il publie en 1958?
12. Quels sont les thèmes de ce roman?
13. De quelle nationalité est-il? Où est-ce qu’il travaille?
14. Quels sont les deux prix les plus importants qu’il a reçus?
Et maintenant je propose de regarder la vidéo (un peu longue...) d'une interview qu'Elie Wiesel a accordée pour expliquer la naissance de son livre "La nuit" et les thèmes de son roman: